Tumeurs cutanées
DEFINITION, OBJECTIFS ET PRINCIPES
L’exérèse d’une lésion au niveau du visage ou du cou peut être indiquée en cas de tumeur cutanée cancéreuse ou suspectée de l’être (carcinome basocellulaire, carcinome épidermoïde = spinocellulaire, mélanome,…), en cas de lésion pré-cancéreuses.
Les cancers cutanés sont des lésions fréquentes, souvent favorisées par le soleil, dont le pronostic est intimement lié à la précocité de l’exérèse.
Un examen anatomo-pathologique permettant d’analyser la lésion sera systématique.
Une biopsie préalable est préférable dans certains cas.
Une reprise chirurgicale est parfois nécessaire en fonction des résultats de l’analyse du tissu.
En cas de cancer cutané, une surveillance attentive, à vie, par le dermatologue sera indispensable après la chirurgie afin de déceler d’éventuelle récidive ou d’autres localisations.
Il faut signaler à votre chirurgien les traitements habituels, en particulier ceux qui fluidifient le sang comme les anti-agrégants plaquettaires (Aspegic, Kardegic, Plavix=Clopidogrel, Ticlid), les anti-vitamine K (Previscan, Coumadine, Sintrom), les autres anticoagulants (Pradaxa, Xarelto, Eliquis).
Certains traitements comme le Kardegic et les anti-vitamine K (Previscan, Coumadine) ne devront pas être arrêtés mais nécessiteront parfois des mesures particulières (exemple : contrôle de l’INR la veille ou le matin de la chirurgie).
Les autres traitements devront être remplacés par du Kardegic en péri-opératoire.
Pour les patients qui ne prennent pas de traitement habituel, il est préférable d’éviter de prendre toute médication contenant de l’Aspirine 10 jours avant la chirurgie (augmente le risque de saignement et de bleus).
L’intervention peut être réalisée au cabinet pour des gestes simples sous anesthésie locale ou en clinique. Dans ce cas, l'intervention peut se pratiquer :
en soins externe (vous ressortez immédiatement après la chirurgie. Anesthésie locale uniquement)
en "ambulatoire", c'est à dire avec une sortie le jour même après quelques heures de surveillance.
dans certains cas, une hospitalisation d’une nuit peut être préférable.
Trois types d'anesthésie sont envisageables :
- Anesthésie locale pure : un produit analgésique est injecté localement,
- Sédation = Anesthésie locale approfondie par des tranquillisants administrés par voie intra-veineuse (anesthésie " vigile ") = neuroleptanalgésie,
- Anesthésie générale classique, durant laquelle vous dormez complètement.
En cas de sédation ou d’anesthésie générale, il est nécessaire de consulter au préalable le médecin anesthésiste, d’être à jeûn le jour de la chirurgie et il faut être accompagné pour repartir de la clinique le jour même.
Au niveau du visage, l’exérèse des lésions cutanées implique souvent des cicatrices beaucoup plus grandes que la lésion elle-même, pour deux raisons :
- les lésions cancéreuses doivent être enlevées avec une marge de sécurité, plus ou moins importante selon le type de tumeur,
- la fermeture nécessite parfois l’utilisation de lambeaux cutanés (la peau voisine est utilisée pour refermer la cicatrice). La qualité du résultat esthétique n’est absolument pas liée à la taille de la cicatrice mais a sa position par rapport aux plis, ombres et zones de contraction naturels du visage. Votre chirurgien choisira la technique permettant d’obtenir à long terme les meilleurs résultats esthétiques.
Les sutures sont réalisées le plus souvent avec du fils non résorbable ou à résorption lente, qui devra être retiré au bout de 6 à 10 jours.
Avant l’ablation des points
Les cicatrices peuvent être laissées à l’air ou sous un pansement. Des soins quotidiens avec de l’eau thermale stérile, un antiseptique et une pommade cicatrisante sont nécessaires au moins jusqu’à l’ablation des points. Un léger saignement est possible. Des ecchymoses (bleus) et oedèmes peuvent apparaître dans les 48 heures, limités par l’application de poches de glace ou masques réfrigérants.
Après l’ablation des points
Une induration, une rougeur et des troubles de la sensibilité persistent souvent pendant plusieurs mois. Le maquillage de la cicatrice est autorisé dès l’ablation des points. Des massages quotidiens avec pommade cicatrisante pendant 1 à 2 mois amélioreront la qualité de la cicatrice. En cas d’épaississement des cicatrices ou du lambeau, l’application quotidienne de silicone (gel ou pansement) voire le recours à des massages par kinésithérapeute avec LPG peuvent s’avérer nécessaire pour accélérer l’évolution favorable.
Il faut distinguer les complications liées à l'anesthésie de celles liées au geste chirurgical.
En ce qui concerne l'anesthésie (générale ou neuroleptanalgésie), lors de la consultation, le médecin-anesthésiste vous informera lui-même des risques anesthésiques. L’allergie à l’anesthésie locale est rare et ce risque est évalué lors de l’interrogatoire préopératoire.
En ce qui concerne le geste chirurgical, les vraies complications sont rares à la suite d'une exérèse d’une lésion du visage. Pour autant, et malgré leur rareté, vous devez quand même connaître les complications possibles :
- Hématomes : la plupart du temps sans gravité, ils peuvent être évacués s'ils sont trop importants,
- Infection : elle est très rare grâce aux mesures d'asepsie opératoire,
- Nécrose cutanée : rare, elle peut survenir en cas de reconstruction par lambeau cutané. Elle est largement favorisée par le tabagisme. La cicatrisation intervient en règle générale grâce à des pansements locaux en laissant une plage cicatricielle,
- Cicatrices anormales : malgré toute l'attention portée à la réalisation des sutures, les cicatrices peuvent être le siège d'une inflammation et d'une hypertrophie gênante, voire d'une évolution “chéloïdienne” (pérennisation de l’hypertrophie cicatricielle) dont le traitement reste difficile.